--- Evolution de la lettre et de l’image ---

L’art de la calligraphie dans les cultures orientales et extrème orientale et celui du calligramme en occident sont à la croisée d’une réflexion sur la nature visuelle de la lettre. Toute lettre est une représentation et donc une image; mais ces représentations sont plus abstraites en occident avec l’alphabet latin, basé sur un sytème de lettres et de phonèmes que dans les alphabets idéographiques, ou un signe représente une idée. Le calligramme dans la tradition poétique, en revient à la lettre comme image.
La typographie, liée au sens large, à la mise en forme de l’écrit, se charge de rendre visible le sens d’un mot, le contenu d’un texte. Portée par l’évolution des techniques d’impression et l’apparition d’une société de l’image à la fin du XIX e siècle, la lettre imprimée devient de plus en plus calligraphique et finit par abandonner la disposition linéaire des caractères héritée de Gutenberg.
Dessinée, elle évoque dans l’affiche, tantôt la lettrine ornée qui marque le début d’un chapitre dans les parchemins enluminés, tantôt cet alphabet anthropomorphique né sous la plume de Daumier. Fantaisiste mais aussi expressive, elle traduit par sa force de corps, ses couleurs et sa
matière, des idées ou accentue la réalité d’un mot, souligne l’identité visuelle d’une marque, devient la signature d’une institution ou d’une entreprise.
Signe idéographique, elle s’échappe de la ligne, s’incline, ondule à l’image d’un corps qui danse pour enrouler la prose et former un de ces calligrammes si chers à Apollinaire. De même que l’écriture acquiert une valeur esthétique et affirme sa dimension iconique, la disposition des lettres et des mots, leur “mise en page”, participe à la perception du sens, à la lecture du message véhiculé par l’affiche.
En se voulant image, la typographie renoue avec les origines iconiques de la lettre.
Ainsi en est-il de l’histoire de l’écriture. Passant du pictogramme à l’idéogramme, le dessin représentant le plus fidèlement possible le boeuf ou le taureau, s’est progressivement réduit et stylisé. Du hiéroglyphe égyptien ne subsiste plus chez les Phéniciens que l’image symbolique de la tête de l’aleph.
Désignant au départ l’animal, puis le bétail, le signe ne symbolise alors plus que l’idée de force, d’énergie et de vigueur qui lui est attachée. Puis, ne conservant que le son auquel renvoie l’objet, le signe devient phonogramme et s’associe à d’autres signes-sons comme dans les rébus pour former des mots. L’image figurative disparaît, cédant la place à un simple trait sur lequel reposent les cornes.
Enfin, le signe ne se référant plus à l’image, ni au son de l’objet désigné, les cornes finissent par traverser la tête .
Enfin, il se retourne et, par le principe de l’acrophonie, donne naissance à l’alpha grec, d’où provient le “A” de notre alphabet. Même abstraite, la lettre A reste une image construite au cours de l’histoire.
Que l’on évoque l’évolution de l’écriture ou de la typographie dans l’affiche, que l’on envisage encore les calligraphies orientales ou les idéogrammes japonais, les signes mayas ou le design de caractères, les logos, les panneaux de signalisation, les enseignes ou même les graffitis qui envahissent la ville, texte et image sont indissociablement liés.

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2 commentaires:

Anonyme a dit…

Mon kiki , tu es le plus doué !
Les couleurs sont magnifiques et le rendu super !
Bisous
Lolotte ta soeur

Anonyme a dit…

TROP BEAU, t'es trop fort !
Mélanie